1986, Quartier Latin
L'année 1983 va constituer un tournant décisif dans la carrière de Koffi Olomide, avec l'enregistrement de son premier album, "Ngounda" (l'Exilé). Il a lieu en Belgique sous la direction de Roland Leclerc, qui l'initie aux réalités de la technologie des studios modernes. "C'était ma première expérience dans un véritable studio professionnel", dit le chanteur qui découvre un monde dont il a longtemps rêvé. À vingt sept ans, il est plus que jamais déterminé à réussir dans la chanson. Mais le chemin à parcourir semble encore long, d'autant qu'à Kinshasa, il doit s'associer à des formations existantes s'il veut se produire sur scène et enregistrer. Il publie ainsi deux disques en duo, "Olomide et Yakini Kiesse" et "Olomide et Fafa de Molokoi". Cette situation qu'il vit comme une contrainte, ne peut durer indéfiniment.
C'est ainsi qu'en 1986, il fonde son premier groupe de scène, Quartier Latin, un collectif de musiciens de chanteurs et de danseuses qui va donner au personnage de Koffi sa véritable dimension d'homme de scène et de créateur à part entière. Suivant l'exemple de Papa Wemba, il va bientôt pouvoir enregistrer tour à tour sous son propre nom et sous celui du Quartier Latin. Un procédé qui lui apporte le triple avantage de donner du travail régulier à son personnel musical, de valoriser les talents des jeunes musiciens du groupe en tant qu'auteurs, compositeurs et interprètes, mais aussi d'accélérer le rythme de sortie de ses productions et de ses oeuvres.
Grâce au travail avec son orchestre, il peut commencer à chercher un son plus accessible à d'autres publics que les seuls Zaïrois et Congolais : une évolution naturelle pour un artiste qui partage sa vie entre Paris et Kinshasa. Toujours à l'écoute des sons nouveaux appréciés par le grand public, Koffi Olomide est impressionné par l'impact de Kassav et par le tour de force de son leader, Jacob Desvarieux, qui a su créer une véritable machine à danser à partir d'éléments puisés aux sources des traditions antillaises. Cette démarche va lui montrer la voie et Koffi reconnaît volontiers l'influence de Kassav sur son travail.
Golden Star
Après dix ans de carrière et d'expériences musicales diverses, l'artiste est à présent entièrement tendu vers le désir de réussir au plan international. Concentré vers ce but, il se jette dans le travail, à corps - et à coeur - perdus. Ceux qui n'avaient pas encore perçu son extraordinaire potentiel artistique vont bientôt découvrir en Koffi Olomide un créateur incroyablement prolifique. "Kiki Ewing" et "Ngobila", deux chansons enregistrées au cours de l'année 1987 paraissent encore sur des petits labels kinois. Elles n'atteindront les circuits internationaux que cinq ans plus tard, reprises sur l'album "Diva".
C'est en 1988 que démarre véritablement l'ère des grands succès, avec "Henriquet", chanson en hommage à Miss Congo, tirée de l'album éponyme publié aux éditions Kaluila/Gefraco. Koffi Olomide porte le nouveau surnom de "Golden Star", apposé sur l'album qui sort l'année suivante chez le même éditeur. Sa chanson titre, "Elle et Moi", est dédiée à Minou, première et seule fille du chanteur. Sa naissance le bouleverse et il laisse éclater sa joie à travers ces paroles : "Enfin elle est là, plus belle que toutes les femmes, que toutes mes illusions ! Minou, Minou comme un fruit mûr, sucré jusqu'au noyau, chaque nuit elle et moi c'est le carnaval. Qui donc viendra nous prendre en photo ? Minou dans mon coeur et dans mon âme comme le lait dans du café. Tu me recrées, fillette !"
Dans cet enregistrement parfaitement maîtrisé, Koffi dévoile ses qualités de multi-instrumentiste à la guitare et à la basse. Il signe les arrangements et la production avec Manu Lima, as des claviers reconnu par ailleurs comme l'un des plus talentueux sorciers des studios parisiens où s'élabore l'alchimie du nouveau son africain. Koffi a bel et bien conscience d'approcher de ce son du troisième millénaire qu'il recherche inlassablement. Il a saisi toute l'importance des claviers numériques et de la programmation informatique dans le travail de studio. Alors qu'un bon spectacle nécessite la prestation d'un minimum de quinze musiciens et l'intervention torride des danseuses, il sait aussi que les équipements ultramodernes des studios permettent une économie de moyens humains, tout en offrant un plus à la création, si tant est que l'on sache les utiliser à bon escient.
Le "Rambo" des années 90
S'il a bien essayé, en 1989, l'expérience d'un disque sur son propre label, Tchatcho, avec "Petit Frère Ya Jésus" (chanson reprise sur l'album "Golden Star dans Stephie"), Koffi Olomide comprend que s'il veut parvenir à ses fins, il a besoin du concours d'une structure plus solide et mieux implantée sur les marchés internationaux. Enregistré en 1990 chez KS production, "Les Prisonniers dorment" (rebaptisé "L'Orfèvre" au catalogue de Sonodisc) sort en janvier 1991. C'est une vraie déception pour son public. Celui-ci espérait une suite à "Elle et Moi" et ne trouve qu'un retour au soukouss des années 70.
Entre temps, la maison de production Sonodisc manifeste un véritable intérêt pour l'artiste. Le contrat qu'ils signent ensemble va être salutaire à sa créativité ainsi qu'à sa carrière. De plus, Koffi Olomide inscrit son nom sur le plus prestigieux des catalogues de musique congolaise, scellant du même coup un pacte implicite de fidélité avec la maison de disques, qui ne s'est jamais démenti pendant treize ans. Entrant de plain-pied dans les années 1990, l'artiste peut enfin peaufiner ce genre de "soukouss-love", baptisé du terme exclusif de "Tcha-tcho", jusqu'à une perfection jamais égalée. Il décrit ce style comme "l'école du bon goût, du chic et du charme", mais aussi comme une façon de vivre les plaisirs de la danse, les chaudes ambiances des rythmes, avec une touche de romantisme.
On ne peut s'empêcher d'y voir la marque de la S.A.P.E. (Société des Ambianceurs et Personnes Elégantes) qui à l'époque s'est répandue dans le monde entier grâce à l'entremise vertueuse de son "pape", Papa Wemba.
De 1990 à 1994, la carrière de Koffi Olomide connaît une ascension fulgurante. Son succès fait pâlir ceux des plus grands noms de la scène zaïroise, ce qui lui vaut le surnom de "Rambo". En l'espace de quatre ans, il publie sept albums, soit sous son nom, soit sous celui du Quartier Latin : "Golden Star dans Stephie" en 1991, "Diva", où il porte son nouveau surnom de Gangi ya film, "Pas de faux pas" avec le Quartier Latin et "Haut de gamme" en 1992, "Noblesse oblige" en 1993, "Magie" avec le Quartier Latin et "V12" en 1994.
Tcha-tcho international
L'heure de la consécration est enfin arrivée. Début 1992, l'animateur de la télévision zaïroise Lukunku Sampu présente l'artiste comme "la plus grande star actuelle de la musique zaïroise moderne". Un jugement qui va se confirmer au cours des années suivantes et notamment avec le formidable succès de "Noblesse oblige", qui devient disque d'or (plus de 100.000 exemplaires vendus). Déjà des légions de fans, baptisés par l'artiste "koffiettes" et "koffiphiles", suivent avidement ses prestations publiques et les moindres événements de sa vie.
Le 31 octobre 1994, le chanteur obtient un premier grand triomphe parisien pour son spectacle au Parc des Expositions de la Porte de Versailles. Fin novembre, Koffi Olomide et le Quartier Latin apparaissent à la sixième place des ventes de la Fnac Forum à Paris, devant des poids lourds du rock, comme Nirvana, et du rap, comme MC Solaar. Le 10 décembre 1994, au Palais des congrès de l'hôtel Ivoire à Abidjan, Koffi Olomide reçoit deux distinctions aux Africar Music Awards : celui du meilleur chanteur et celui du meilleur clip. Enfin, Koffi termine l'année en apothéose, faisant danser ses fans toute la nuit de Noël au fameux Aquaboulevard de Paris. Les chansons de "V12" seront également déclinées en vidéo sur une cassette de onze clips.
On le sait, le succès attire souvent les jalousies et provoque même les calomnies. Koffi Olomide l'apprend à ses dépends. Le 17 février 1995, lors d'une conférence de presse à Kinshasa, il répond à la presse zaïroise qui le malmène sur plusieurs sujets. Beevens, l'animateur du Quartier Latin est accusé d'avoir plagié celui de Wenge Musica, l'un des orchestres les plus en vue de l'époque. On reproche à Koffi d'avoir congédié l'une de ses danseuses, Scola, et d'avoir laissé Babia, l'un de ses accompagnateurs de talent, aux prises avec la justice française pour défaut de papiers d'identité. Sommé de répondre, l'artiste se défend avec une belle ardeur. Cela fait partie du jeu et il aime bien jouer. Mais afin de couper court aux ragots sur sa prétendue rivalité avec Papa Wemba, et aussi pour son propre plaisir, il enregistre l'album "Wake Up" en duo avec son aîné. Ce CD fera partie des événements discographiques de l'année 1996.
1998, sur les traces de Jacques Brel
En 1997, deux nouvelles bombes tcha-tcho parviennent sur le marché : l'excellent "Loi" de Koffi Olomide et "Ultimatum" signé avec les membres du Quartier Latin. Avec des titres comme "Papito charme" ou "S.O.S.", celui que l'on compare à Julio Iglesias ou à Barry White renforce encore le succès obtenu auprès de son public à 80% féminin. Paré de ses plus beaux atours, il répond en masse au rendez-vous du concert exceptionnel donné par son héros à l'Olympia de Paris dans la nuit chaude du 29 au 30 août 1998.
Avant de faire son entrée sur la scène du music-hall mythique, Koffi Olomide ne peut cacher son exaltation : "l'Olympia, c'est quelque chose de fabuleux. J'en rêvais depuis cinq ou six ans et, il y a encore quelques mois, je n'osais croire que ça se ferait. L'idée que je vais chanter sur la même scène que Jacques Brel, qui a toujours été un dieu pour moi, me transporte. "Ne me quitte pas" m'a inspiré une bonne vingtaine de chansons. J'aime me faire peur, pouvoir me dire que j'ai vraiment gagné. Pour mon premier Olympia, j'ai tenu à envisager les choses avec beaucoup plus de sérieux et de discernement que d'habitude."
Les cinq enfants de la star n'ont pas eu à rougir de leur père, comme on peut le constater sur l'album et la vidéo "Live à l'Olympia", sortis à peine deux mois après ce merveilleux concert. Les 1.800 places du temple de la variété n'étaient d'ailleurs pas suffisantes pour contenir toutes celles et tous ceux qui voulaient participer à cette nuit de fête. Ils sont conviés le 7 novembre 1998 au Zénith de Paris, où le Quartier Latin de Koffi Olomide rivalisera dans une folie de danse avec les Haïtiens de Tabou Combo. Un très beau match en perspective, en attendant "Droit de veto", le nouvel album de la star zaïroise qui sort en 1999.
Succès toujours
Six mois après sa sortie, le 12 avril, ce dernier album reçoit un disque d'or (100.000 exemplaires vendus). Quelques jours plus tard, il est l'invité de Passi et son collectif de rap congolais Bisso na Bisso sur la scène parisienne du Zénith.
Infatigable, Koffi Olomide remet ça en 2000 avec l'album "Attentat" qui donne lieu à une énorme et inhabituelle publicité en Europe pour un album africain. Il est vrai que cette année-là, le chanteur s'illustre en étant le tout premier Africain à tenir la vedette sur la scène de Bercy, la plus grande salle parisienne, en février.
Toujours très attendu, Koffi se produit une nouvelle fois à Paris au Zénith le 14 juillet 2001 avant de partir pour une tournée de quelques dates aux Etats-Unis avec son groupe Quartier Latin. Il fait une prestation très remarquée à New York le 16 juillet au Lincoln Center pour le Africa Out Loud music festival. Même le quotidien The New York Times s'en fait l'écho. En décembre 2001, sort un nouvel album de la star congolaise intitulé "Effrakata", 'effraction' en lingala, deux CD de 16 chansons en tout. On y trouve entre autres les Antillaises de Zouk Machine.
Au cours de la tournée qui suit cet album, Koffi Olomide passe le 14 février 2002 à Abidjan (Côte d'Ivoire).
Distinctions en tous genres
A l'occasion de la cérémonie des Koras Music Awards qui se déroule début novembre 2002 à Johannesburg, Koffi Olomidé devient le premier artiste à obtenir quatre Koras lors de la même édition. Il remporte les prix du meilleur artiste africain, du meilleur artiste d'Afrique centrale, du meilleur clip vidéo ainsi que la "récompense spéciale des juges".
Quelques mois plus tard, en janvier 2003, c'est au tour de la presse congolaise de donner quatre distinctions au Quadra Kora Man, comme il aime à se faire désormais appeler. Il est désigné meilleure vedette de l'année 2002, son groupe Quartier Latin est élu meilleur orchestre, sa chanson "Washington" est le meilleur titre de l'année et enfin son album "Effrakata" est désigné meilleur album de l'année.
Un concert de réconciliation entre Koffi et Papa Wemba devait se dérouler le 8 février au Zénith de Paris, mais sera finalement annulé. Le duo, qui avait fait merveille lors de l'album "Wake Up", n'a pu trouver un accord pour ce concert de prestige.
2003, Affaire d'Etat
Fin mars 2003, sort le nouvel album du Quadra Kora Man. "Affaire d'Etat" est un double album composé de 18 titres qui sort chez Next Music. Enregistré à Paris, deux titres seulement sont en fait interprétés par Koffi Olomidé ("Piwawa" et "Affaire d'Etat"). Les autres titres de ce double album permettent à chacun des chanteurs-animateurs de Quartier Latin d'intervenir. Fofo le collégien, Fally Ipupa"Di Caprio", Roi Soleil Wanga "de Bodinat" (nom de l'ancien patron de leur maison de disques), Chef Felly Tyson , Geco Bouro Mpela "Ronaldhino", Deo Brando et les sept autres membres du groupe viennent chacun "ambiancer" sur un titre.
Mer 4 Jan - 0:37 par Admin
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Mar 31 Jan - 10:53 par Vieille Mere
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Mar 31 Jan - 10:51 par Vieille Mere